De Marsh Harbour/Grand Abacos, direction Crab Island pour une dernière soirée aux Bahamas. Le lendemain, cap vers Great Sale Cay, puis navigation au 270ème degré avec l’espoir de pouvoir profiter du Golf Stream pour nous amener directement à l’Inlet de Fort Pierce où nous avions décidé d’entrer aux USA. Le cas échéant, le Cut de Cape Canaveral figurait au programme, bien que plus au nord. Tout s’est très bien passé jusqu’à notre arrivée dans le Golf Stream. A ce moment-là, les vents ont forci et se sont orientés à l’Ouest, rendant notre navigation difficile. Après une nuit agitée, nous avons décidé d’entrer à Fort Pierce contre le vent alors que nous avions dépassé sa position géographique en latitude. Quelques heures difficiles à contre-courant, contrevent, puis allure normale jusqu’à Fort Pierce où nous avons mouillé dans l’IntraCoastal Waterway ou ICW pour la première fois. L’ ICW est un canal ou plutôt une bande d’eau sillonnant la côte Est des USA, à l’intérieur des terres, en bordure de l’océan Atlantique de Norfolk vers le Sud de Miami. La navigation y est aisée mais il ne faut pas s’écarter du balisage et garder une attention permanente, le passage sous les ponts ne représente pas de difficultés majeures, leur tirant d’air étant de 65 pieds, au minimum, les autres plus bas sont gérés par des « Bridges Tenders » qui ouvrent les ponts sur simple demande radio sur canal VHF 9 ou à heure précise. Hormis cela, de temps en temps un coup de génois pour reposer notre Mitsubishi est conseillé si le vent est favorable. Les mouillages sont suffisants le long de l’ICW, on en compte 1 au minimum chaque 20 à 30 milles nautiques. Un courant de vitesse variable existe sur l’ICW et devient de plus en plus fort plus on se dirige vers Norfolk.
Revenons à Fort Pierce où le contact avec la civilisation avancée plut énormément à nos épouses, privées depuis quelques mois de tous les avantages offerts par la société de consommation à laquelle nous sommes accoutumés. J’ai profité du passage à Fort Pierce pour contacter Michel, un ancien copain d’école de recrues qui vit à Stuart et y travaillait avant de prendre sa retraite fin 2016. En sa compagnie et celle de Laura son épouse, nous avons partagé un succulent repas, nous remémorant de très vieux souvenirs. Nous nous réjouissons de le revoir lors de son retour au pays natal cet été.
De là, la montée vers notre marina de Green Cove Springs se déroula sans difficulté majeure. Deux arrêts de quelques jours chacun à Vero Beach et à Sainte-Augustine ont égayé notre parcours. A chaque occasion, recherche de matériel technique, avitaillement et moments de détente. Le 6 mars nous sommes arrivés à Jacksonville et avons passé la nuit au quai des services de la police et du feu. Le lendemain à 0645, nous passions le dernier pont à faire ouvrir et foncions vers l’arrivée à Green Cove Marina où l’ancre fut jetée avant midi. Ce fut ensuite un repas organisé par nos camarades québécois sur « Leeloo », arrosé d’une bouteille pétillante de circonstance. Trois jours au mouillage, sortie de l’eau le 10 mars comme prévu et entreposage du voilier en zone de travail avant de l’amener sur son emplacement définitif pour les mois à venir. Nous étions devant un dilemme sérieux, soit vendre le bateau ou le ramener en mai/juin 2018 en Europe via Les Bermudes et les Acores. Nous prenons les contacts nécessaires pour une vente éventuelle et apprenons que le moteur Mitsubishi équipant notre voilier n’est certifié par l’EPA US (Service environnement US). Donc pas de vente possible, retour en Europe à prévoir.
Pour la période 2016-2017, nous avons parcouru 2190 milles nautiques, soit environ 4050 kilomètres. Avant d’atteindre la Floride, nous avons mouillé, accosté et/ou visité 29 îles, sans parler de toutes les terres frôlées en navigation. La qualité de l’eau était généralement extraordinaire en limpidité, couleur et température avant d’entrer dans l’ICW où sa couleur vira rapidement au brun et ce jusqu’à l’arrivée à la marina sur la St-Johns River.
La température passe de hot au sud à très agréable sur les latitudes des iles Vierges, puis à presque froid en Floride où nous avons subi une arrivée de frimas en provenance du Canada lors de la phase d’entretien de StarshipAnnie à Green Cove Springs. N’étant pas équipés en appareils de 110 Volts pour le chauffage, nous avons ressorti les couettes d’hiver.
A partir de la République Dominicaine, les vents sont devenus très variables et d’orientation diverses. Fini le bon temps du régime des alizés dominants du Sud.
Les clearances entrées et sorties ne représentent pas de difficultés majeures au Nord, les fonctionnaires sont moins imbus d’eux-mêmes et plus sympathiques. Bémol, la République Dominicaine avec ses équipes de policiers, douaniers et autres spécialistes des stups et l’immigration, que de temps perdu et quelle déception !
Les découvertes : les requins, les baleines, les lamantins, le banc des Bahamas et ses iles ultraplates. L’ICW moyen extraordinaire de remonter ou descendre le Sud-Est des USA sans craindre la vague et la houle, les ponts qui se lèvent sur simple appel radio, une navigation facile mais requérant une attention de tous les instants car l’échouage surprend rapidement le distrait.
Un regret : Ne pas avoir visité Cuba. L’île nous tentait, mais après plusieurs contacts avec d’autres navigateurs nous y avons renoncé pour deux motifs :
1/ Contrôles cubains de l’immigration très lourds avec report dans chaque port.
2/ Eventuelles difficultés à l’immigration lors de l’entrée aux USA à Key West pour les bateaux en provenance de Cuba.
A la marina de Green Cove Springs, nous avons loué une voiture pour 10 jours. Cela nous a permis de faire des achats, visiter Jacksonville, revoir Sainte-Augustine, et finalement atteindre Orlando d’où un vol nous amènera vers Manchester puis Lyon. Un Express, un TGV, puis un Intercity et après 21 heures de voyage, nous voilà accueillis par nos voisins Francine et Francis pour une agréable raclette en compagnie de nos amis navigateurs Peter et Michel accompagnés de leurs conjointes. Ce sera ensuite la reprise des travaux administratifs, la mise en état des extérieurs, les visites aux enfants, bref, une vie de terriens ordinaire.
Les projets à venir : profiter de la Suisse et balades en Europe jusqu’en 2018, puis transat de Jacksonville vers la France Atlantique entre mai et juin.
Pour le moment, nous récupérons du Jetlag et de la fatigue accumulée, puis nous mettrons à l’agenda les rencontres avec les amis.
Le blog restera en principe silencieux pendant un certain temps….
Cordiales salutations à toutes et tous.
Souvenirs en images